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De Saint-Colomban, au Brésil, à Hawaii : Raphaëlle Harvey s’approche de son rêve

Photo : Raphaëlle Harvey – C’est en 2012, en participant au 10km de l’événement Courir à notre santé que l’athlète a eu la piqûre l’ayant amenée là où elle est aujourd’hui.

De Saint-Colomban, au Brésil, à Hawaii : Raphaëlle Harvey s’approche de son rêve

Publié le 15/09/2023

La Colombanoise Raphaëlle Harvey se rendra à Kona, Hawaii, pour participer au Championnat du monde d’Ironman, le 14 octobre prochain. Pour s’y rendre, son point de départ ne sera toutefois pas les Laurentides, ni même le Québec, puisqu’elle réside maintenant le Brésil, où elle se dévoue totalement à son sport.

C’est justement dans le cadre du triathlon Ironman de Florianópolis, dans son pays d’adoption, qu’en mai dernier, elle s’est qualifiée pour le grand événement automnal. Lors de cette compétition, elle a complété le trajet de 3,8 km de nage, 180,2 km de vélo et 42,2 km de course en 10h12, la plaçant ainsi au 3e rang de sa catégorie.

« Dans la vie d’une triathlète, Hawaii c’est le summum. C’est là que tous les meilleurs au monde viennent compétitionner. C’est extrêmement cher d’aller à Kona, mais c’est un projet que je vais faire une fois dans ma vie! », explique celle dont le périple coûte 30 000 réaux brésiliens, soit un peu plus de 8 000$ canadiens.

Photo : Raphaëlle Harvey – Malgré tout ce qu’elle a déjà accompli, le Championnat du monde d’Hawaii est l’accomplissement suprême manquant à son tableau de chasse.

Un virage nécessaire

En 2020, alors qu’elle résidait Saint-Colomban et travaillait à la Pratt & Whitney de Mirabel, Raphaëlle Harvey a vécu plusieurs épreuves, dont le décès de ses grands-parents, qui l’ont poussé à avoir une profonde réflexion sur son avenir.

« Je voulais du changement, des défis, j’avais besoin d’air et de faire un 180° avec ma vie », raconte-t-elle, optant pour quitter son travail, vendre sa maison, remplir ses valises et ainsi partir voyager à travers le monde, dont en Afrique du Sud où elle participa au Championnat du monde de demi-Ironman.

« Après ça j’ai voyagé un mois toute seul en Thaïlande. Dans ma tête, il y avait plein de choses qui se passaient. Je me disais ‘ce n’est pas vrai que je vais passer ma vie à faire la même affaire, à travailler 40-50-60 heures par semaine, gérer ma maison… je n’étais pas en dépression, mais j’étais sur le bord. J’ai fait ‘OK, il faut je parte, c’est maintenant ou jamais!’ », se remémore-t-elle.

Photo : Raphaëlle Harvey – Dans une journée d’entraînement ordinaire, l’athlète en provenance des Laurentides peut parcourir près d’une centaine de kilomètres à vélo.

Nouvelle terre d’accueil

En ciblant un possible emploi pour le constructeur aéronautique Embraer, c’est au Brésil qu’elle a décidé de partir à neuf. Mais voilà qu’à son arrivée se fait en même temps que celle de la pandémie. Embraer n’embauche plus et se départi même d’une large portion de sa main-d’œuvre. Avec un statut de visiteur d’une durée maximale de six mois, la Québécoise n’avait donc d’autre choix que de se marier, avoir un enfant, un travail ou être aux études afin d’obtenir un visa pour rester. Avec la pandémie et ses objectifs personnels, une seule de ses options lui semblait donc viable.

« Je me suis inscrite à l’université et ça m’a pris deux ans et demi avant que je réussisse à avoir le visa… ç’a été un processus tellement difficile, tellement coûteux… Mon Dieu, j’ai eu le temps de faire deux programmes à l’université avant d’avoir ce visa-là », indique celle qui a étudié en gestion logistique à l’Universidade Vila Velha.

« Tu ne peux pas travailler avec un visa d’études et comme c’était à distance, moi, je m’entraînais, je m’entraînais et je m’entraînais. De là est venu le projet du Championnat du monde, parce que là mon coach s’est mis à me dire ‘Raph, je ne sais pas si tu le sais, mais tu t’en viens forte et tu gagnes tout’ », se souvient celle qui a finalement donné à son entraîneur, le Boisbriannais Mathieu Sauvé.

Photo : Raphaëlle Harvey – En dépit de toutes les embûches qu’elle a rencontré sur son chemin, la Colombanoise ne regrette pas sa nouvelle vie au Brésil.

Pression de l’extérieure

À l’aube du 4e, mais plus important, Ironman de sa carrière, la femme de fer ne s’en fait pas trop de l’aspect performance ; connaissant la meilleure séquence en carrière et mettant toutes les chances de son côté en s’entraînant deux fois par jour, six jours par semaine. Malgré les économies d’une vie, après trois sans emploi, c’est plutôt du côté financier que vient la pression.

Qui plus est, puisqu’elle compte retourner au travail après Hawaii et adapter son entraînement à des demi-Ironmans, dans tous les aspects de sa préparation, c’est en quelque sorte le dernier sprint. Pour y arriver, elle vend des t-shirts, s’entoure de commanditaires et organise des campagnes de socio-financement en Amérique du Nord et du Sud. Celle d’ici peut d’ailleurs être trouvée à l’adresse gofundme.com/f/en-route-vers-le-world-championship-ironman-kona. Aussi, pour ceux qui voudrait également suivre les aventures en Amérique Latine de Raphaëlle Harvey, son compte Instagram se nomme @raphaelle_irongirl_2015.

« La compétition, c’est là où je me sens bien, où je me sens accomplie… heureuse, alors je ne vais jamais arrêter de m’entraîner, mais Hawaii, ce sera un peu le cadeau, le résultat, au bout de toute cette guerre-là que je vais avoir menée pendant trois ans », témoigne celle dont le « cadeau » est toutefois bien loin d’être de tout repos, étant une course de 226km qui aura lieu le 14 octobre prochain dans la célèbre île volcanique du Pacifique.