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Pour Michelle St-Pierre: la discrétion dans l’efficacité…

Photo Claude Cormier

«L’aventure a vraiment commencé en 2008» souligne Michelle St-Pierre.

Pour Michelle St-Pierre: la discrétion dans l’efficacité…

Publié le 14/03/2018

Vous en connaissez des entrepreneurs qui font leur petite affaire pendant 12 ans, sans chercher vraiment à attirer l’attention?

C’est exactement ce qu’a fait Michelle St-Pierre, propriétaire du Vogel Saint-Jérôme, jusqu’à ce qu’un agrandissement majeur fasse en sorte qu’elle ne passe plus jamais inaperçue sur la route 117 dans le secteur Lafontaine.

L’aventure débute en 1996.

« Je travaillais pour cinq Vogel (Halles d’Anjou, Carrefour Laval et Côte Vertu notamment). Je n’aimais pas le voyagement. J’ai décidé de revenir dans ma région. Je venais d’avoir un enfant. C’était le meilleur temps pour poser un geste…» se remémore Mme St-Pierre.

En catimini

À l’époque, la compagnie Vogel (qui commençait à accorder des franchises) avait pris la décision de déménager son magasin du Carrefour du Nord, pour avoir pignon sur rue à Lafontaine.

« Ils ont su entre les branches que je me cherchais un magasin. Je travaillais tout le temps. J’aimais les produits naturels. On m’a posé la question (à savoir si elle était intéressée à acquérir une franchise). J’avais gravi les échelons. J’étais prête. Je suis allée chercher des formations. Je n’ai rien publicisé le temps que je prenne mes formations».

Constamment s’adapter…

De son propre aveu, Michelle St-Pierre avait tout à perdre quand elle s’est lancée en affaires. Surtout qu’elle ne pouvait plus compter sur l’achalandage d’un centre commercial, après le déménagement du Carrefour du Nord au secteur Lafontaine.

«Quand tu as maintenant pignon sur rue, c’est autre chose. Il faut que tu ailles chercher ton client. Il faut que tu fasses du développement avec les thérapeutes. C’est comme ouvrir un nouveau magasin. Le magasin ressemble à notre clientèle. Les gens viennent, ils font des demandes et on commande des produits. Le magasin devient personnalisé à notre clientèle».

En fait, dans le domaine des produits naturels, il faut constamment s’adapter…

«En 1996, nous offrions un peu de tout. On avait du vrac, des nettoyants et l’alimentation pour laquelle nous étions les premiers à faire cela. Par la suite, les marchés d’alimentation ont commencé à avoir des sections de produits naturels. Ils avaient un pouvoir d’achat plus grand que le nôtre. Devant une telle situation, tu deviens une grande surface de 10 000 pc ou tu te spécialises. Moi, j’ai  fait un choix. J’ai enlevé l’alimentation, mais gardé le sec préemballé. J’ai sorti les frigos et j’ai remplacé cela par de l’herboristerie (plantes). On s’est spécialisés. Nous avons suivi des formations avec de compagnies sérieuses qui travaillent auprès des médecins. J’ai sectionné des parties du magasin. Nous avons introduit Watson et compagnie (nourriture et produits pour les animaux, notamment pour traiter les allergies). Une de nos naturopathes a suivi un cours spécialisé pour répondre aux besoins».

Une transformation

Pour tout dire, c’est en 2008 que Michelle St-Pierre s’est officiellement dévoilée au grand jour dans la communauté d’affaires de Saint-Jérôme, en même temps que se transformait le Vogel Saint-Jérôme.

«L’aventure a vraiment commencé en 2008. Je savais ce que je faisais, je contrôlais bien les choses. J’ai décidé que je rénovais entièrement. J’ai aménagé le stationnement sur le côté. Je ne pouvais plus utiliser le stationnement en avant de la bâtisse (les clients devaient reculer sur la route 117). J’ai acheté la bâtisse voisine. J’y ai fait le stationnement. J’ai mis les portes sur le côté. C’était au moment d’une certaine incertitude, alors que Santé Canada voulait fermer tous les magasins de produits naturels. Je n’oublierai jamais cela. J’ai dit, ce n’est pas vrai. Je ne me suis pas investie autant pour en arriver là. J’ai pris la décision d’aller de l’avant. Procéder à des rénovations comme ça, c’est comme ouvrir un nouveau magasin. Les coûts sont énormes. On a installé une grosse tente à l’extérieur. On a descendu les produits d’alimentation au sous-sol.

Ça a pris quatre jours et ce fut toute une expérience …

Un projet du genre, ça crée des liens. Tous les employés étaient là et ils participaient. Je suis une fille d’équipe. Si je n’avais pas eu les employés, je ne l’aurais pas fait.

J’ai risqué le tout pour le tout».

Quant à elle, le choix s’imposait.

« Si je voulais prendre ma place à Saint-Jérôme, il fallait que je le fasse. Ceux qui ne prennent pas ce genre de décision finissent par disparaitre».

De la persévérance

Par ailleurs, avec le temps, Mme St-Pierre a appris deux choses: ça prend de la persévérance pour réussir et il faut savoir se garder du temps pour soi.

«Toute personne qui est dans le commerce de détail, ça prend de la persévérance. Si tu ne crois plus à ton idée u si tu oublies pourquoi tu es parti en affaires, tu risques de lâcher en cours de route. Le commerce de détail c’est du sept jours par semaine et du dépends du personnel dont un membre peut tomber malade. Dans notre domaine, en hiver, on est en contact constant avec la gastro et la grippe. On est à risque».

«Je dis souvent aux gens: établissez vos journées de congé en partant. Tu peux travailler sans arrêt pendant cinq ans, mais à un moment donné ça te rattrape … La qualité de vie, c’est important. Pour notre part, il ne faut pas la perdre, parce qu’on est dans le domaine de la santé. Si on devient une grosse compagnie avec 80 ou 100 employés, il n’y a plus la même qualité de vie. Les gens sont fatigués avec les formations, les retours et autres. Il n’y a pas la même ambiance familiale que dans une petite entreprise comme la nôtre».

La discrétion…

Quant à l’implication dans la communauté, Mme St-Pierre la considère indispensable, mais en se tenant loin des feux de la rampe.

C’est ainsi qu’elle siège depuis peu au conseil d’administration de la Fondation En scène (un organisme qu’elle appuie financièrement depuis plusieurs années) et supporte, discrètement, nombre d’organisations, surtout celles destinées à la jeunesse.

«Nous sommes énormément sollicités. J’aide du mieux que je peux. Il faut faire des choix. C’est difficile de dire non à ta communauté. Les projets d’école, j’ai toujours embarqué, parce que ce sont souvent des projets environnementaux».

Par contre, « je ne m’affiche pas. Vogel est présent partout, moi non».