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Des infirmières lancent la serviette, d’autres demandent de l’aide

Des infirmières lancent la serviette, d’autres demandent de l’aide

Publié le 20/11/2022

Entre un patient qui fait des plaies de lit en attente de voir un médecin et un autre qui moisi sur une civière hurlant de lui venir en aide à travers les autres malades, sans oublier la dame qui attend depuis de longues heures à l’urgence, devenue impatiente, se trouve l’infirmière, à fleur de peau, brûlée avant de débuter son deuxième chiffre de huit heures…obligatoire.

Ce scénario hollywoodien n’est que la pure réalité des hôpitaux du Québec, la région des Laurentides encore plus « masacrée » que les autres.

« Les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes sont oui épuisées, au bout du rouleau. Il est difficile de tenir debout quand on nous oblige à travailler 16 heures de suite, et ce, plus d’une fois par semaine », constate avec regret la présidente du syndicat de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), section Laurentides,  Julie Daignault. 

Une situation devenue « inhumaine », qui a été vigoureusement dénoncée la semaine dernière alors que les membres de la FIQ se sont rendus au bureau, pancartes en mains et drapeaux au vent, de la présidente-directrice générale du CISSS des Laurentides, Rosemonde Landry. 

« Nous sommes convaincues que Mme Landry partage plusieurs de nos constats et qu’elle souhaite avoir les moyens de faire fonctionner notre établissement. Nous l’invitons à faire de nos propositions les siennes et à les porter auprès du ministère de la Santé », demande Mme Daignault.

Pour nous, le rôle des PDG n’est pas que d’appliquer les directives ministérielles et de n’être qu’une courroie de transmission hiérarchique. Ils doivent aussi porter les demandes de leurs employés, notamment celles des professionnelles en soins pour permettre à leur établissement de fonctionner efficacement pour le bien de nos membres et de nos patients », a-t-elle ajoutée, fortement appuyée par une dizaine de membres.

Les démissions n’arrêtent pas 

Surchargées, certaines professionnelles profitent des assurances salaires pour prendre une pause avant de plier les deux genoux, ce qui coûte très cher à l’employeur. D’autres abandonnent carrément la profession préférant donner leur démission avant d’y laisser leur peau. Quelques-unes deviennent rapidement irritantes, déjà qu’elles sont irritées. Celles qui restent sont bien souvent vidées et découragées.

Elles souhaiteraient conserver leur peu d’énergie pour recharger les batteries, mais 

elles doivent se battre pour de meilleures conditions de travail. Elles demandent 4% d’augmentation salariale pour les trois prochaines années. 

« Une mise à niveau salariale pour compenser l’inflation des derniers mois.  Une protection du pouvoir d’achat par un mécanisme annuel d’ajustement du salaire.  Des bonifications salariales pour compenser le travail effectué la fin de semaine, lors d’un jour férié et en temps supplémentaire ».

Conciliation vie personnelle-travail

Les membres de la FIQ, dont 90% sont des femmes, travaillant dans des centres offrant des services 24 heures par jour, sept jours par semaine, demande également un affichage des horaires au moins deux semaines à l’avance et couvrant une période minimale de trois mois. L’accélération de l’accumulation de journées de vacances additionnelles et l’octroi de 10 jours de congés rémunérés aux victimes de violence conjugale, en plus d’un autre jour férié pour la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre de chaque année, figurent parmi les demandes de la FIQ dans le cadre du renouvellement de la convention collective.

« Les professionnelles en soins ont, elles aussi, besoin de prendre des rendez-vous pour elle, leur famille ou comme proches aidantes. Nos horaires doivent être connus plus rapidement afin de mieux concilier note vie personnelle et notre travail », enchaîne Mme Daignault.  

La solution existe-t-elle?

Maintenant que le portrait peu encourageant a été exposé, avons-nous des solutions? La FIQ croit que de moduler un poste à temps complet en quatre jours par semaine et d’éliminer le temps supplémentaire obligatoire (TSO) avec des mesures pour favoriser le retour des professionnelles en soins dans le réseau public seraient déjà un bon pas dans la bonne direction. (voir autre texte)

« Il est difficile de faire un portrait juste, car le TSO est présent de façon très variable dans les Laurentides, mais 1 TSO est 1 TSO de trop », renchérit la présidente du syndicat.

Cette dernière précise que lorsque la mesure du TSO n’a pas été appliquée alors qu’elle était souhaitée, voire forcée, par la direction, « les gestionnaires sont parvenus à combler les horaires. Donc, c’est possible », conclut Julie Daignault.