logo journal infos-laurentides
icon journal
À la tête du CISSS des Laurentides, Julie Delaney, une PDG aux multiples défis

Julie Delaney est la présidente-directrice générale du CISSS des Laurentides.

À la tête du CISSS des Laurentides, Julie Delaney, une PDG aux multiples défis

Publié le 29/01/2024

Avec le départ à la retraite de sa directrice générale Rosemonde Landry en décembre dernier, le CISSS des Laurentides se retrouve une nouvelle PDG à sa tête en la personne de Julie Delaney, qui a accepté avec enthousiasme de relever les défis de la grande agence régionale de la santé.

Dans un entretien avec le Journal, la nouvelle PDG s’est livrée sans censure sur ses motivations et ses ambitions pour le CISSS des Laurentides. 

Cap sur l’accès aux soins

« Mes priorités : l’accessibilité aux services de première ligne, à un médecin de famille. Il faut s’assurer qu’on offre des soins pertinents et sécuritaires. Et s’assurer qu’on a les infrastructures pour tout cela. Donc, ça décline à plusieurs niveaux », explique la pdg. 

Déficit et recrutement

Même si sa priorité demeure l’accessibilité aux soins pour les citoyens des Laurentides, elle est consciente des défis l’attendent. 

Dans l’immédiat, le CISSS des Laurentides vise un retour à l’équilibre financier, car son déficit avoisine les 180 M $. 

Le CISSS des Laurentides doit aussi faire face à un problème de recrutement et de rétention, surtout dans le Nord où les besoins sont accentués. Le recrutement d’infirmières de tous niveaux se fait sentir et une centaine de médecins manque à l’appel. 

Les urgences des hôpitaux débordent tandis que les travailleurs du réseau de la santé ont dû multiplier les jours de grève à la fin 2023 pour améliorer leurs conditions de travail et salariales. 

L’agence Santé Québec 

Malgré les critiques que suscite le PL15, Mme Delaney estime que la création de l’agence Santé Québec fait partie de la solution. 

« Les principes et la vision de cette réforme est de ramener à la population un système de santé qu’elle mérite, accessible et axé sur la performance et les résultats », souligne-t-elle, anticipant déjà des fenêtres d’opportunités et de leviers plus efficaces pour desservir la population.

« Je perçois le PL15 davantage comme une cohérence, une cohésion, poursuit-elle. On incite les pdg à la collaboration, à voir comment on peut aider, comment on peut être aidé. Ça favorise les liens et la fluidité. Ça nous ouvre une petite fenêtre d’opportunités pour nous permettre aussi de faire valoir les besoins de notre région et de bien positionner la région. Et je vois ça d’un très bon œil. »

Pour ce qui est du futur mandat d’orientation du MSSS, il faudra attendre d’en savoir plus puisque l’intégration du PL15 se déploiera en mode transition au cours des prochains mois, spécifie Mme Delaney. Si l’on prévoit six mois pour la transition entre l’agence et le MSSS, elle estime l’intégration des établissements davantage vers l’automne.

Comment s’articule l’année 2024 pour la nouvelle pdg ?

« Je dois m’approprier l’organisation et la structure dans le contexte de la transition. Je vais continuer de miser sur les succès : on a des projets pilotes – les projets GAP – qui permettent de structurer davantage à l’accessibilité aux soins. »

GAP : Guichet d’accès à la première ligne

Le GAP implanté en 2022 – une ligne téléphonique réservée aux personnes sans médecin de famille (811 – option 3) –  a permis de relever l’accès de première ligne à 89,3 % en date de janvier 2024 alors qu’il ne dépassait pas 78,8 % en 2019. Même mince, cette marge est considérée comme un progrès dans le système de santé actuel.

Les citoyens de la région disposent d’un autre GAP, celui avec un guichet d’orientation virtuel et un autre à l’hôpital Saint-Eustache assuré par un employé chargé de diriger le patient vers le bon professionnel. Une démarche efficace selon le CISSS, qui compte un taux de réorientation de 20 % depuis sa mise en place, en décembre dernier. 

Débordement aux urgences

Pour ce qui est des débordements dans les urgences, Mme Delaney est d’accord qu’il faut davantage de fluidité, malgré les efforts déjà déployés mais invisibles aux yeux de la population. 

« Chaque jour, on met en place des cellules de crise, des plans de surcapacité, et même plusieurs fois par jour. Une gestion de séjours est faite. Il faut voir aussi comment donner de l’aide à l’urgence et à tous les blocs. On analyse tous les cas, tous les bloqueurs sont ramenés : le nombre de personnes en ambulatoire dans la salle d’urgence, ceux qui sont en soins alternatifs, en attente d’un congé. Est-ce qu’on peut donner des soins en ergonomie, en physiothérapie », explique-t-elle.

Mme Delaney garde bon espoir de reprendre le dessus sur le déficit avec les nouvelles normes apportées face aux agences de placement infirmier dont on réduira substantiellement le recours à compter du 1er mars. 

« C’est une bonne partie de notre déficit budgétaire. Et il y a eu une époque où les infirmières du privé qui souhaitaient venir dans le réseau avaient une pénalité. C’est fini, toutes ces règles sont modifiées : plus de pénalité et on a une réduction du taux du TSO. On est très sensibles à ça et on a un faible taux de TSO ici, dans la région, en comparaison avec les autres régions. Et toutes les modalités sont examinées pour qu’il y ait des gestionnaires d’horaire dans les équipes et qu’on puisse choisir notre horaire », assure Mme Delaney.

Reste que les enjeux de main-d’œuvre perdurent. Dans l’ensemble de la région, pour les postes d’infirmiers.es, et surtout au nord où l’on peine à retenir les médecins en poste. Ici, dans les Basses-Laurentides, la proximité ici favorise la rétention du personnel, dit-on.